Dans les années 2000, vous écrasez sous votre carte bancaire des cristaux d’uranium enrichis tout en tapant des lignes de codes sur un Macintosh 128K de 1984 pour crypter un ADN qui déterminera à partir de 2020 un programme d’édition CRISPR pour produire des chats à quatre pattes ou un.e.x enfant au QI de 160. C’est pas la même chose et pourtant c’est la même chose.

1986, l’onirisme macabre des nuages qui irradient les paysages et le génie génétique qui séquence l’ADN depuis 1970, génèrent de nouvelles combinaisons organiques et perceptives. L’Europe des années 80 redessine sa carte mutante au gré des sources d’énergie nucléarisées et cocaïnées. Si on avait déjà été soumis à des formes d’aberrations génétiques dues à la pollution au mercure dans les années 50, on découvre en catastrophe que la radioactivité peut altérer profondément et longuement la génération d’un gène.

À partir de 1990, l’acuité perceptive tient à la capacité à décrypter et à crypter des lignes de codes que certains nomment matrice, ADN, environnement, logiciel, maman ou papa… C’est brutal, mais simple; l’apparition d’une forme est devenue une manifestation d’un capital qui se fonde de moins en moins sur une économie symbolique que génétique. Les films à partir de 90 en sont de bons exemples ils nous ont appris qu’un écran cache encore un écran, qu’une forme contient une autre forme… une enfilade d’allégories évanescentes qui n’en finissent pas de s’échapper dans le code.

Le projet hippie des années 60, d’ouvrir l’intérieur sur l’extérieur, d’écouter ce que nous disent nos cellules et nos désirs, s’est converti dans les esprits chamaniques des biologistes des années 2010, qui, depuis leurs lits radioactifs, ont halluciné une forme d’agriculture du code codifier un organisme et le laisser s’exprimer, rêver, baiser, mourir, se réveiller… selon ses conditionnements affectifs et biologiques. Cette écologie génétique a produit un bouillon d’organismes qui tentent de nous parler: je suis ton énergie mutante, je désire ton code, transfert moi.

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Vernissage le vendredi 22 avril, exposition du 23 avril au 20 mai

Horaires d’ouvertures vendredi (15h–19h) & samedi (15h–19h)