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I AM BY BIRTH A GENEVESE ; AND MY FAMILY IS ONE OF THE MOST DISTINGUISHED OF THAT REPUBLIC

Du 8 septembre au 3 octobre 2009

L’exposition a pour point de départ la créature imaginée par Marie Shelley dans son célèbre ouvrage Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818). Elle réunit pas loin de cent quatre-vingts artistes suisses et internationaux. Le projet a été conçu par les artistes Alexandre Bianchini et Pascal Rousson sur la base du roman cité. Le titre, I am by Birth a Genevese, restitue d’ailleurs la première phrase de celui-ci.

L’installation dans l’espace Forde entend « rejouer » l’étrange atmosphère du laboratoire du docteur Frankenstein. A l’instar des expériences de ce dernier, il est question de réunir un grand nombre de pièces et de fabriquer ce qu’on pourrait appeler ici un accident visuel. Chacune des œuvres devient ainsi une métaphore de ces morceaux de corps assemblés pour concevoir une nouvelle créature, une nouvelle œuvre. Si ce « monstre » constitue le point de départ, il échappe à son concepteur pour être ensuite rejeté par la société, qui n’est pas prête à le recevoir. Comme artefact, l’exposition I am by Birth a Genevese pose la question de la création dans toute sa complexité, aux artistes comme aux commissaires d’exposition.

L’invitation lancée aux nombreux artistes s’est articulée aussi bien autour de l’idée de naissance que celle de création. Le roman offre quantité de thèmes, comme l'ombre et la lumière, la solitude, l'amour et l'amitié, l'éducation, l'injustice, l'innocence, la monstruosité, la science et la conscience, l'apparence et les préjugés, la condition de la femme, les paysages, le progrès. La majorité des œuvres possèdent un fort potentiel d’étrangeté, dans leur thématique – l’autoportrait aux couteaux de Gianni Motti ; les têtes en céramique, sans yeux et aux mâchoires déformées, d’Hadrien Chevalley ; le micro-onde implosé de Christian Gräser ; le chien taxidermisé à l’envers de Christian Gonzenbach – tout comme dans leur processus – Morten Viskum réalise sa peinture avec deux mains de cadavres, Hervé Graumann reconstitue une chaise découpée – ou encore dans les matériaux utilisés – organes de bœuf pour Sébastien Riond, réglisse pour Valentina Pini. Alexandre Bianchini et Pascal Rousson soulignaient que « la créature était née à Genève et aurait commis son premier crime sur la Plaine de Plainpalais, quartier des galeries d’art et place souvent affectée aux cirques et aux forains de passage ».

Fondée sur la confrontation, cette installation met en scène des artistes reconnus, de jeunes artistes et des artisans. Les correspondances autant que les antagonismes se répondent sur différents niveaux, et l’incroyable prolifération d’œuvres éclipse l’unique au profit de l’ensemble. En jouant sur les registres de la scène, du théâtre et des façades, les murs préalablement peints en noir ont été « habillés » de coulures blanches – hommage direct à l’artiste américaine Pat Steir (1938) – et le sol recouvert de morceaux de moquette. Tel un kaléidoscope, les références aux cabinets de curiosités renvoient aux installations Dada et à celles des surréalistes. 


L’exposition a connu un premier volet dans le sous-sol de la galerie Vegas, à Londres. Le projet s’est ensuite modifié pour l’espace Forde. La prochaine étape se réalisera dans un livre.



photographies: Olivier Pasqual